23 octobre 2009
Entretien Llorente- Friederich
- Alonso Llorente, vous êtes bien connu...
- Non.
- En tout cas depuis quelques jours...
- Je préférerais qu'on ne parle pas de moi.
- Laissez-moi au moins résumer l'affaire pour nos lecteurs. Militant politique, vous disparaissez de la sphère publique à la fin des années 90 suite à des problèmes avec la justice avant de réapparaître soudainement ces jours en tant qu'auteur d'une biographie de Susan Boyle. Vous vous êtes reconverti dans le people?
- Comme bien des gens, j'ai découvert Susan grâce à internet. D'abord je n'ai pas été particulièrement enthousiaste. Puis la chanteuse m'a ému.
- Et aussitôt vous devenez son biographe...
- Non. Le premiers jours j'ai cherché à la joindre par téléphone, comme ça, juste pour la féliciter. Mais imaginez, trente ou quarante millions de fans devaient avoir eu la même idée, autant dire que la ligne était occupée... Pour me consoler, j'ai regardé plusieurs fois sa prestation et j'ai déniché d'autres vidéos. Et là, si on peut dire, je suis tombé amoureux de Susan Boyle.
- C'est alors que vous vous êtes aperçu que vous la connaissiez personnellement.
- Pas tout de suite. Vous savez, dans une vie de militant, il y a des zones d'ombre. On oublie volontiers, par métier. Il a donc fallu un peu de temps pour que je me souvienne que dans les années 90, par hasard, j'avais entendu chanter Susan à Bathgate
- Comment était-elle a l'époque?
- Elle était comme aujourd'hui,c'est ça qui est frappant. Le même naturel, la même générosité, le même talent.
- Mais pauvre.
- Qu'elle soit devenue millionnaire en quelques minutes ne me concerne pas. C'est son côté humain que fait ressortir la biographie. Son parcours aussi.
- Parlez-nous de son parcours, Alonso Llorente.
- Il est d'une simplicité... d'une simplicité désarmante. C'est le contraire d'une star. Susan incarne l'humilité. Elle n'a rien, et soudain, dans un monde qui n'a fait que la rejeter, elle a tout, elle est tout. C'est une histoire absolument moderne.
- Révolutionnaire.
- En un sens, oui. Elle chante I Dreamed A Dream et celui-ci se réalise. C'est un conte de fée pour adultes. Je crois que c'est ça que les gens aiment chez elle, son étonnement. Elle est sincèrement surprise.
- Vous avez retrouvé toutes les personnes qui ont compté dans sa vie. Son chef d'orchestre, ses frères et soeurs, son coach...
- Pas tous. Mais je me suis intéressé à la petite société dans laquelle elle a grandi. Une banlieue d'Edimbourg avec son supermarché, son église, ses maisons de brique, une banlieue très calme, presque irréelle. C'est peut-être pour ça... En tout cas, c'est une femme qui a grandi lentement. Sans soubresauts.
- En dépit de son accident.
- Vous voulez-dire son accident de naissance? Oui, ça aussi. C'était au départ la personne la moins bien destinée. Une gamine qui souffle mal et qui veut devenir chanteuse. Et qui le devient après quarante ans d'efforts. Ses voisins ne cessent pas de la louer pour ça, ils savent ce que c'est que l'effort. La vie est dure en Ecosse.
- Vous ne parlez pas de ce que vous possédez et qui est unique. On peut en parler dans cet entretien?
- Oui, j'ai une des démos de Susan. Il ne doit plus en rester beaucoup. C'est peut-être même la seule. Vous savez une de ces cassettes qu'on enregistrait quand on était adolescents.
- Est-ce qu'on sent déjà ce bonheur dont vous parlez dans Susie la simple.
- Le bonheur est le sujet de cette biographie. Pas la réussite, pas l'argent. Le bonheur. Entouré de drames. Le chômage, la maladie, et le rejet, le rejet surtout. Je crois que j'ai surtout voulu raconter la trajectoire d'une femme qui prend le monde comme il est, en ce sens elle est à l'opposé d'un militant, mais en fin de compte, c'est elle qui est gagnante, c'est la vie qui est gagnante.
- Si elle vient chanter en Suisse?
- J'y serai. En attendant j'ai réservé pour son prochain concert aux Etats-Unis.
- Encore une question, Susie la simple, pourquoi ce titre? N'est-ce pas blessant?
- Je reçois chaque jour des dizaines de courriers de lecteurs qui me reprochent ce titre. Certains vont jusqu'à l'insulte pour défendre Susan. Je comprends leur désarroi, mais les voisins de Susan à qui j'ai parlé à Blackburn, ses anciens camarades d'école aussi, m'ont confirmé que tous l'appelaient ainsi, ce n'est pas moi qui ai inventé ce sobriquet. Jamais je ne me serais permis.
17:40 Publié dans A propos des artistes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : susan boyle, alexandre friederich, alonso llorente | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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